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La métallurgie : on se jette à l'eau ?

Etudiant, comme beaucoup, j’ai travaillé l’été. Je me souviens de mon premier contact avec la métallurgie : une mission d’intérim où je devais aider à remplacer des pièces sur un robot lors de la fermeture estivale. Un après-midi, j’ai aussi dû nettoyer le sol avec une autolaveuse. La fonction collecte d’eau n’ayant pas été activée, j’ai détrempé la moitié du sol de l’usine. Bienveillants, mes responsables d’alors ont ouvert les portes et attendu que ça sèche. J’ai même été rappelé l’usine réouverte pour une autre mission, en production.Une dizaine d’années plus tard, ma passion pour la métallurgie est toujours intacte.

L’industrie métallurgique (l’ensemble des procédés et des techniques d’extraction, d’élaboration, de mise en forme et de traitement des métaux et de leurs alliages) fait partie des premiers secteurs industriels en France. Tout d’abord par le chiffre d’affaires que ce secteur génère : de l’ordre de 390 milliards d’euros annuels (dont environ 45% à l’export), mais aussi par le nombre d’entreprises (environ 42000, essentiellement des PME) et plus de 1,5 million de salariés (dont 92 % en CDI), selon l’UIMM.

 

Quels sont les enjeux auxquels la métallurgie est confrontée ?

Les entreprises du secteur de la métallurgie sont confrontées à une transition numérique et énergétique qui impacte leur façon de produire et leur organisation du travail. En France, les principaux enjeux sont la compétitivité des entreprises pour réussir à maintenir ou relocaliser la production sur le territoire en contexte de mondialisation des marchés et capitaux, la formation des salariés pour faire face aux évolutions techniques attendues en « entreprise étendue » et aux départs massifs à la retraite, la prise en compte des problématiques environnementales (gestion optimisée des matières premières, éco-conception …) et la féminisation d’un secteur ou 1 salarié sur 5 seulement est une femme.

Une partie des mesures prises pour répondre à ces enjeux a été synthétisée par le concept « d’Usine du Futur », qui fait référence à la 4ème révolution industrielle après la mécanisation, l'industrialisation et l'automatisation. L’idée est de faire évoluer les usines pour les rendre plus autonomes et intelligentes en utilisant l’internet des objets et des systèmes cyber-physiques. Les entreprises du secteur ont commencé à innover pour développer de nouveaux produits et moyens de production : objets connectés pour suivre une ligne de production, réalité augmentée pour faciliter le travail des opérateurs, collaboration avec les robots, développement de la simulation numérique à toutes les étapes, impression 3D…

 

Quels sont les besoins en recrutement dans la métallurgie ?

Après quelques années plus difficiles, on observe un regain des recrutements dans le secteur, en partie pour compenser les départs à la retraite mais aussi pour des créations de poste. L’Observatoire de la métallurgie a également des projections encourageantes en en estimant les besoins moyens en recrutement de 103000 à 115000 emplois par an d’ici 2025.

Dans la quasi-totalité des métiers, il y a de la demande voire une certaine pénurie : opérateurs, conducteurs de ligne, chefs d’équipe, responsables de service et experts métier. Dans les plus demandés, on note les métiers de la soudure, de la chaudronnerie, de l’usinage, des automatismes, du contrôle qualité, de la maintenance ou du commercial et les candidats manquent à l’appel ! Dans ce secteur comme dans beaucoup d’autres, les ingénieurs sont structurellement des profils ultra-demandés, mais la pénurie gagne les profils de technicien.

 

Quel intérêt pour les candidats d’intégrer le secteur métallurgique ?

De nombreux postes techniques étant en situation de pénurie de candidats, les industries métallurgiques accompagnent les candidats intéressés par leur secteur et encouragent les formations en alternance dans ce secteur. Celles-ci ainsi que les périodes de stage servent souvent de période d’essai et l’apprentissage est très apprécié dans ce secteur.

Longtemps associé au « travail à la chaîne », le secteur est en train de se réinventer, de créer de nouveaux postes. Ainsi, la robotisation des moyens de production et l’arrivée du numérique liées à l’innovation dans les entreprises françaises entraînent par exemple le développement de certains métiers en industrialisation, méthodes, process, robotique et automatismes. De plus, pour fonctionner, l’usine du futur aura toujours besoin de conducteurs-trices de ligne automatisée, de techniciens-nes d’usinage et de maintenance.

Plus prosaïquement, c’est un secteur où les salaires sont plus élevés que dans d’autres activités, ce qui le rend attractif malgré certaines contraintes (horaires, cadences, chaleur…). C’est aussi un secteur où l’on trouve de la stimulation intellectuelle avec la démarche d’amélioration continue dans la plupart des postes. Enfin, c’est un secteur « cadré » où les gens organisés et rigoureux trouvent souvent un environnement qui leur convient.

 

Par Vincent VALLEJO, MYRECRUTEUR, spécialiste du recrutement industrie, qui intervient sur les profils technicien à cadre dans l’Ouest de la France.